Les corticoïdes : amis ou ennemis ?

Publié le par Anne Cat et François

Il est temps de parler des corticoïdes sans détour. Les corticoïdes sont des médicaments utiles et efficaces mais à utiliser sur le court terme.

Les corticoïdes sont :

  • des anti-inflammatoires stéroïdiens (ce détail est important pour les effets indésirables).

  • des immunosuppresseurs.

Ce sont des anti-inflammatoires du fait de la compétition entre l'annexine (dont la production est augmentée par les corticoïdes) et les phospholipases A2 empêchant du même coup la production des molécules indispensables à l'inflammation.

Médiateurs lipidiques de l'inflammation. Copyright Techniques d'élevage. François Kaeffer

Médiateurs lipidiques de l'inflammation. Copyright Techniques d'élevage. François Kaeffer

Pour l'activité immunosuppressive, les corticoïdes :

  • inhibent la production des cytokines (IL-1, IL-3, IL-6 et TNF-α),

  • diminuent le taux plasmatique du complément (c'est un système moléculaire permettant la destruction des bactéries et de « montrer le chemin » aux cellules immunitaires),

  • inhibent la prolifération des lymphocytes (par destruction des cellules du thymus essentielles à la maturation des lymphocytes).

On comprend pourquoi ces molécules sont contre-indiquées en cas d'état infectieux en évolution puisqu'elles empêchent les premières défenses de l'organisme de se mettre en place et le maintien de la protection immunitaire.

Le souci avec ces molécules, c'est qu'elles sont d'une structure proche de la cortisol (un glucocorticoïde). Cette dernière est produite par les glandes surrénales et possède de nombreuses propriétés. Cette similarité entraîne une activation des récepteurs aux glucocorticoïdes et, donc, des effets secondaires.

Passons aux effets secondaires :

  1. les troubles du métabolisme glucidique : ce sont des hyperglycémiants par augmentation de l'anabolisme glucidique.(diminution de la consommation de glucose, de la production d'insuline, et augmentation de la production de glucose).

  2. les troubles du métabolisme protidique : augmentation de la destruction des protéines. Cela engendre à plusieurs niveaux des troubles : à l'os (destruction de la trame protéique de l'os donc ostéoporose accélérée par les troubles hydro-électrolytiques), de la peau (amincissement), du muscle (avec destruction musculaire)

  3. les troubles lipidiques (à fortes doses) : destruction des lipides au niveau du tissu adipeux et redistribution de la graisse donc hyperlipémie.

  4. les troubles hydro-électrolytiques : augmentation de la réabsorption d'eau et sodium produisant des œdèmes et une hypertension artérielle, une augmentation de l'excrétion urinaire de potassium et de protons (acide) et une diminution de l'absorption intestinale et de la réabsorption urinaire de calcium (hypocalcémiant donnant une ostéoporose).

  5. de possibles changements d'humeur peuvent être observés.

Après ce catalogue des horreurs digne de celui des trois-Suisses, nous allons mettre un peu d'eau dans notre vin. Les troubles métaboliques ne commencent à apparaître qu'après 10 jours de traitement.

Cependant les traitements longs de plus de dix jours obligent à des adaptations nutritionnels avec un régime :

  • riche en protéines de bonne qualité, en calcium et en potassium,

  • pauvre en glucides et en lipides.

Je ne peux pas être plus précis du fait de l'absence de données concrètes sur le sujet.

Les corticoïdes savoir les apprécier et les consommer avec modération... beaucoup de modération.

Bonne journée.

François KAEFFER

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