Les fibres dans l’alimentation du cheval

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Oméga

Depuis quelques dizaines d’années, les fibres nous sont présentées comme un constituant de l’alimentation indispensable à notre santé. De l’humain à l’équin, il n’y a qu’un pas, rapidement franchi par les publicitaires de tout poil. De ce fait, très souvent sur les forums on voit des propriétaires choisir tel aliment complémentaire pour leurs chevaux « parce qu’il est riche en fibres ». Comprenez « parce qu’il est bon pour mon cheval »… Vous nous connaissez, à Techniques d’élevage, on aime bien mettre des faits sur des affirmations… Alors voyons les faits :

La richesse en fibres se traduit dans l’analyse par la teneur en Cellulose Brute (CB pour les intimes).

Pour les fans : La méthode utilisée est la méthode de Weende. C’est le résidu obtenu après une double hydrolyse avec d’abord une solution acide puis une solution alcaline.

Pour tous, il faut savoir que la Cellulose Brute n’est pas de la cellulose… enfin pas que. C’est un mélange variable composé de 70 à 90 % de cellulose (quand même), de 5 à 10 % de lignine, de 5 à 10 % d’hémicellulose et de 1 à 3 % de matières azotées.

Bref, c’est un peu une cote mal taillée sur un plan chimie pure mais elle est utilisée et elle marche en pratique.

La teneur en cellulose (entendez cellulose brute puisqu’on n’a que celle là le plus souvent) strictement nécessaire pour que votre cheval se porte bien est 20 % (pour l’ensemble de sa ration). C'est une teneur minimale mais elle est très loin d'être optimale. En outre, elle s'entend avec des chevaux sur paille généralement. 

Elle peut être abaissée jusqu’à 15 % environ à condition d’assurer des changements de régimes très progressifs (mais alors vraiment très progressifs). Cela peut être intéressant pour des chevaux fins (type arabe) que l’on veut présenter parce que cela leur donne une plus jolie ligne en limitant le volume du ventre.

En cas d’excès de cellulose, lié une consommation excessive de pailles ou de fourrages de très mauvaise qualité.

En outre, la présence trop importante de cellulose provoque une baisse de digestibilité des autres composants de la ration. L’augmentation du lest entraîne aussi une malnutrition, l’animal n’arrivant pas à manger assez pour couvrir ses besoins.

De l’autre côté, le manque de lest perturbe la flore intestinale et provoque l’apparition de troubles digestifs (coliques, constipation, diarrhée). On favorise alors de nombreuses maladies métaboliques comme hépatose, sensibilisation allergique, coup de sang (myoglobinurie paroxystique) ou fourbure.

On peut avoir ce cas de figure quand on a :

- un manque d’aliments grossiers : cheval nourri avec une part importante de céréales par exemple,

- une litière non alimentaire : passage d’un cheval qui se portait très bien sur de la paille à une litière non comestible sans changement de ration,

- une erreur dans le choix de l’aliment composé : cheval qui ne reçoit pas de fourrage à qui on devrait proposer de l’aliment complet et à qui on donne par erreur de l’aliment complémentaire.

Donc des fibres, il en faut… ce qu’il faut.

Des fibres oui, mais longues ou courtes ? Autrement dit, est-ce que si je donne du foin en granulé, cela équivaut à apporter du foin « normal » sur le plan des fibres ?

On sait que la présence de fibres longues est indispensable pour les ruminants. Par contre, il a été montré que le cheval peut être nourri exclusivement avec des aliments conditionnés, même en l’absence de paille de litière. Le transit digestif est alors accéléré avec une certaine réduction de la digestibilité de la cellulose mais aussi une moindre incidence des coliques d’obstruction.

A titre d’exemple, un foin de graminées à 33 % de CB mettra 37 heures à être digéré sous sa forme longue, 26 heures s’il est broyé mais remontera à 31 heures s’il ensuite granulé (Wolter et al., 1974)

Le seul problème de l’apport de foin sous forme hachée ou granulée par rapport à son apport sous forme longue est la baisse du temps de mastication ce qui entraîne une moindre production de salive et donc une moins bonne protection contre les ulcères. Néanmoins, ce sont des produits indispensable en cas de soucis dentaires chez les vieux chevaux ou suite à un accident grave à la mâchoire. 

Catherine Kaeffer

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MAJ avril 2023

Aliment pour chevaux. Techniques d'Elevage. Tous droits réservés

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