La croissance compensatrice, qu’est-ce que c’est ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Vaches grasses, vaches maigres… Même les jeunes animaux en croissance peuvent supporter des restrictions alimentaires (modérées tout de même) sans en souffrir outre mesure. Tout cela grâce au phénomène dit de croissance compensatrice. De quoi s’agit-il ?

Prenons deux jeunes de même âge et de même poids :

Si l’animal n° 1 reçoit tous les jours les apports alimentaires qui sont conformes à ses besoins, il aura une croissance pondérale régulière que l’on traduira sur une période donnée par le GMQ (gain moyen quotidien).

Si l’animal n° 2 reçoit un apport alimentaire inférieur à ses besoins sur le plan énergétique mais correct en qualité par ailleurs, sa croissance va se ralentir. S’il revient ensuite à une alimentation normale, il a une capacité à « rattraper » le jeune n° 1 en réalisant une croissance plus rapide que celui qui est toujours resté à une alimentation normale.

C’est la croissance compensatrice (aussi appelé développement compensateur).

Cette faculté a permis à l’animal depuis des millénaires de supporter les périodes de moindre abondance sans en souffrir. Mais évidemment, face à la disette, cette capacité d’adaptation est insuffisante.

Cette faculté est mise à profit par les éleveurs pour « passer l’hiver » en limitant les apports de fourrages conservés pour des raisons économiques mais aussi parfois pour des raisons de disponibilité. Une fois les animaux revenus à l’herbe au printemps, ils vont pouvoir rattraper leur retard.

On peut dans d’autres régions, l’avoir lors de la sécheresse estivale, l’animal rattrapant en automne, une plus faible croissance en été.

Quelques chiffres pour fixer les idées :

Prenons un poulain de selle qui pèse 300 kg au début de son premier hiver. S’il est nourri normalement, il sera à 400 kg à la fin de l’hiver et à 460 à la fin de l’été. Par contre, si en le restreignant, il n’arrive qu’à 350 kg à la fin de l’hiver, sa croissance compensatrice au pâturage lui permettra quand même d’arriver à 460 kg à la fin de l’été.

Vous noterez dans cet exemple que même le second poulain continue sa croissance puisqu’il prend 50 kg au cours de l’hiver. Il s’agit donc bien d’une restriction alimentaire pas d’un régime de famine.

Si on compte arbitrairement 6 mois d’été et 6 mois d’hiver. Le poulain « normal » aura pris 555 g par jour pendant l’hiver et 330 g par jour durant l’été (il est logique que sa croissance se ralentisse au fur et à mesure de son développement). Le poulain restreint n’aura pris que 277 g par jour pendant l’hiver mais 611 g par jour pendant l’été, ce qui lui aura permis de récupérer.

Cette capacité de croissance compensatrice diminue avec l’âge. Pendant la période de restriction, les poulains apparaissent étroits, enlevés, peu musclés, « montés sur des queues de cerise » avec une « poitrine en carène » et des « épaules de serpent »…L’impression générale c’est qu’ils font trop « poulains » pour leur âge. Les personnes peu expérimentées les jugeront « mignons » car ils garderont plus longtemps que les autres une allure juvénile.

La baisse de l’énergie peut aller jusqu’à 10 à 14 % selon les cas. Elle ne doit pas affecter la fourniture de protéines de qualité ni de minéraux. En effet, ces constituants plastiques sont indispensables à la croissance des tissus nobles (squelettes et muscles).

Évidemment, si cette sous-alimentation se prolonge trop dans le temps ou concerne un individu trop jeune (entendez par-là un individu à forte croissance et sans réserve de graisse), elle altérera définitivement la conformation quel que soit par ailleurs le niveau ultérieur d’apport.

L'utilisation consciente de cette faculté est possible chez un animal dont on ne recherche pas la précocité et d’autant plus que les besoins de croissance sont faibles (animal de petite taille) ou que la race est rustique. Sur un poulain de trait, un poney ou un cheval de loisir, pourquoi pas ? Sur un pur-sang de course, un cheval destiné à la compétition de haut niveau, un animal de grande taille, c’est exclu.

Un autre cas où ce type de rationnement ne doit pas être utilisé est celui des femelles qu’on souhaite mettre tôt à la reproduction.

Même s’il ne s’agit plus de croissance compensatrice à proprement parler, ce phénomène de récupération existe aussi chez l’animal adulte. Il est notamment utilisé pour les femelles allaitantes qui peuvent en début de lactation avoir des besoins nettement supérieurs à ce qu’elles peuvent ingérer. Elles sont donc en déficit alimentaire pendant une partie du cycle, ce qui est compensé par une sur-alimentation pendant l’autre partie.

Le phénomène bien connu chez les laitières à forte production de la « vache-accordéon ».

Catherine Kaeffer

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Jeunes chevaux au pré. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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