Faites parler votre foin : exemple n° 2

Publié le par Anne et Cat

Voici un autre foin :

 

Qualité nutritionnelle d'un foin de praire naturelle pour l'alimentation des animaux. Techniques elevage, Nantes 2012

 

Comme vous le constatez, il s’agit d’un foin très différent du premier :

 

Son aspect général est jaune.

 

Il n’a pas d’odeur particulière, ni bonne ni mauvaise.

 

Il est principalement composé de tiges fines (flèche verte). On note la présence de quelques feuilles (flèche bleue). Bon alors là, j’ai pas mal hésité : on ne peut pas vraiment dire qu’elles soient vertes mais elles ne sont pas encore vrillées autour de la nervure centrale comme si elles s’étaient totalement desséchées sur la plante. Elles sont relativement sur leur plat. Donc au moment de la fauche, elles n’étaient pas bien vivantes, pleines de chlorophylle et en train de synthétiser un max (et donc pleines d’éléments nutritifs intéressants pour le consommateur) mais elles n’étaient pas non plus complètement HS. Nous dirions plutôt qu’elles étaient moribondes.

 

On trouve aussi des épis lâches et des corps étrangers.

 

En plus gros plan, on retrouve les mêmes éléments.

 

Présence de corps étrangers dans un foin de graminées destiné à l'alimentation du bétail. Copyright : Techniques d'élevage. Nantes. 2012

 

On peut observer les différents corps étrangers :

 

- Des tiges ligneuses. On peut supposer qu’il s’agit de zones de refus dans lesquelles ont pu se développer de petits arbustes donc qui ont persisté sur un temps assez long (au moins 1 an). On peut donc d’ores et déjà en déduire qu’il ne s’agit pas d’une prairie fauchée régulièrement plusieurs fois dans l’année.

 

- Des aggloméras de matières végétales, plus ou moins broyés et qui n’ayant pu sécher assez vite portent de légères traces de moisissures (problème de machine de récolte).

 

Foin pour l'alimentation des chevaux et poneys. Estimation de la valeur nutritive. Copyright : Anne Kaeffer, 2012

 

En plus gros plan encore, on peut voir que les épis sont du pâturin (détermination flore Bonnier).

 

Foin poussiéreux déconseillé pour chevaux atteints d'emphysème chronique. Techniques d'élevage. Nantes. 2012. Copyright : Kaeffer Catherine

 

Sur cette quatrième vue, on observe que ce foin laisse tomber pas mal de poussières sous forme de débris de tiges et de glumelles.

Conclusion :

 

Il s’agit d’un foin de pré réalisé sur une herbe constituée d’une part importante de pâturin. On peut supposer que cette prairie naturelle est un peu surpâturée avec présence d’animaux fréquente voire constante du fait de la prédominance du pâturin car il s’agit d’une graminée à rhizome supportant donc bien à la fois des prélèvements réguliers et le piétinement.

 

Le pâturin est aussi le signe d’un sol assez riche en éléments nutritifs qui peuvent être amenés par les crottins… ce qui pourrait expliquer les zones de refus persistantes d’où les éléments ligneux.

 

Le pâturin est une herbe qui épie en mai, qui craint la sécheresse d’où un arrêt de la croissance en été et une transformation facile en paillasson… l’herbe reprend sa croissance avec les pluies d’automne. Après épiaison, la sénescence des feuilles est rapide.

 

Ce foin a donc été récolté après l’épiaison donc après mai, alors que les feuilles ont déjà beaucoup régressé… disons grosso modo juillet. A cette période la croissance de la plante est faible et ses synthèses aussi.

 

A cette période le sol et le temps devaient être secs et donc le séchage a été correct… d’autant qu’étant donné la faible teneur en eau de l’herbe au départ, il a pu être rapide.

 

Sur un plan nutritionnel

 

Disons qu’il ne faut pas attendre des miracles de ce type de foin. Il apporte essentiellement des fibres. Il faut vraiment que vous ayez un consommateur peu exigeant comme l’âne ou les animaux rustiques pour espérer en tirer une quantité notable de nutriments. Donc dans un calcul de ration, vous pouvez le compter pour quantité négligeable.

 

Cependant, il n’est pas dénué d’intérêt. En effet, il est sain. Pour un cheval nourri par ailleurs avec des grains ou du concentré, il permet d’augmenter la quantité de cellulose brute de la ration.

 

Il entraîne aussi une augmentation du temps de mastication ce qui est propice à une bonne digestion et à un bon équilibre psychique chez le cheval (moins de chance d’apparition de tics divers).

 

Deux petits bémols cependant :

 

- La teneur assez importante en poussières n’est pas souhaitable dans le cas d’un cheval sensible voire déjà emphysémateux. Il est donc préférable si c’est pratiquement possible, de secouer un peu le foin avant distribution… loin du nez du cheval évidemment. Si ce n’est pas possible, on peut le mouiller avant distribution pour éviter que la poussière ne s’envole.

 

- La présence d’éléments étrangers peut poser problème si le cheval ne fait pas suffisamment le tri. Il faut savoir que le tri est toujours moins efficace dans un foin qu’avec de l’herbe sur pied.

 

Cat

Publié dans Alimentation

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