Faire maigrir un cheval, un poney ou un âne obèse : exemple d’application pratique

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha & Oméga

Passons donc à l’établissement d’un régime. Pour les bases du raisonnement, vous pouvez vous reporter à l’article précédent.

Prenons un exemple pour fixer les idées : un poney de 300 kg qui devrait en peser 250.

Pour un poney de 300 kg à l’entretien, on compte 2,4 UFC. Pour le faire maigrir, il doit passer à 2 UFC. Pour ingérer ses 4,5 kg calculés dans l’article précédent, il faut donc que la densité énergétique moyenne de la ration soit de 0,44 UFC/kg brut.

Cela veut dire qu’un bon foin de Crau, 1er cycle est déjà trop riche pour lui. Il vaut donc mieux prendre un foin correct mais moyen qui tournera le plus souvent autour des 0,40 UFC/kg.

Comme on ne peut pas toujours choisir son foin, une solution est d’apporter le foin que l’on a et s’il est trop bon, en remplacer une partie par de la paille pour compenser (0,26 UFC/kg).

L’avantage aussi c’est que l’apport de lignine et de cires est un facteur qui limite la digestibilité des autres constituants de la ration.

J’ai eu beau chercher, j’avoue ne pas avoir trouvé de données concernant la teneur en MADC de la ration souhaitable pour ce type de chevaux.

Or, si l’apport de protéines est insuffisant, l’animal va les prélever sur ses muscles. Comme ils sont déjà noyés dans la graisse et souvent assez faibles du fait d’un exercice insuffisant, ce n’est vraiment pas une bonne idée.

Mais s’il est trop important, on risque de surcharger le foie et le rein qui ont déjà fort à faire. En outre, les protéines seront alors utilisées à des fins énergétiques : coûteux et pas très sain comme voie métabolique.

Classiquement pour un animal à l’entretien, on préconise un apport de 60 g de MADC par 100 kg de PV soit 180 g de MADC pour notre poney si on le prend à son poids actuel de 300 kg mais seulement 150 g de MADC si on compte son poids idéal de 250 kg.

Tout aussi classiquement, on préconise un rapport protidoénergétique de 70 g de MADC/UFC ce qui dans le cas présent nous donnerait 140 g de MADC.

Bref, j’aurai tendance à essayer peu ou prou de garder les rapports classiques en l’absence de données bibliographiques précises.

Petit exemple de calcul :

Supposons que vous disposiez d’un foin de prairie naturelle de plaine de Normandie 2e cycle fané au sol en moins de 10 jours ayant pour valeur nutritionnelle 0,50 UFC/kg et 68 g de MADC/kg.

Vous fournissez vos 2 UFC grâce à 2 / 0,50 = 4 kg de foin.

Ces 4 kg de foin lui apporteront en outre 4 x 68 = 272 g de MADC.

A comparer aux besoins soit : 2 UFC (OK) mais 150 g de MADC (donc trop riche en azote) et surtout 4,5 kg de nourriture minima (donc pas assez de volume).

Si on donne 2 kg de paille de blé, on apporte 0,26 UFC par kg et 0 MADC par kg soit 0,52 UFC et rien en MADC.

Pour couvrir les besoins énergétiques, il nous faut :

2 UFC totaux – 0,52 UFC paille = 1,48 UFC foin / 0,50 = environ 3 kg de foin.

Ces 3 kg de foin apportent : 3 x 68 = 204 g de MADC ce qui est acceptable compte tenu de l’imprécision de l’estimation et de la variabilité des lots de foin.

La quantité totale est donc de 2 kg de paille + 3 kg de foin soit 5 kg de nourriture ce qui est confortable.

L’apport en Ca sera de :

(5,6 g/kg x 3 kg de foin) + (3,2 g/kg x 2 kg de paille) soit 23 g

L’apport en P sera de :

(2 g/kg x 3 kg de foin) + (1 g/kg x 2 kg de paille) soit 8 g

Les besoins sont de 12 g de Ca et de 8 g de P. Ils sont donc couverts.

Le rapport Ca/P est de 2,8 ce qui est élevé mais acceptable puisque inférieur à 3.

Le complément minéral vitaminé doit être apporté en sus. Une simple pierre à lécher ne suffira pas. 

Choisissez-le avec un rapport phosphocalcique le plus bas possible parce que du fait de l’absence de céréales dans la ration, on est déjà très haut en calcium. La meilleure solution consiste souvent à prendre un produit qui n'influe pas sur le rapport phosphocalcique. 

Cela va sans dire – mais aussi bien en le disant – ce calcul n’est qu’un exemple qui doit être adapté à chaque cas particulier.

Désolée. J’ai conscience que ce genre d’article est relativement indigeste (remarquez, dans le cas d’un régime alimentaire, quoi de plus normal). J’espère au moins qu’il ne vous aura pas laissé sur votre faim…

Catherine Kaeffer

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Poney Shetland. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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