Cris de douleur par procuration : quand la souffrance devient silence (suite)

Publié le par Anne et Cat

 

Un parc animalier avec son traditionnel enclos d'animaux de la ferme : chèvres, moutons, truies, biche... tous chahutaient gentiment les enfants et les parents pour obtenir quelques friandises.

 

Cet après-midi là, une petite chèvre noire, Noiraude, fit pourtant l'émoi des visiteurs.

 

Elle bêlait à tout rompre, courant vers les visiteurs, les chargeant, sans jamais cesser de bêler.

Ce bêlement était si plaintif, si empreint de souffrance, qu'une famille de visiteurs vint me trouver.

 

« Y a une chèvre qui souffre là-bas ! Faut faire quelque chose ! »

 

Dans l'enclos, Noiraude bêlait toujours, sa voix se déraillait mais elle ne semblait pas vouloir s'arrêter. J'entrais dans l'enclos suivie par la famille inquiète.

 

Noiraude fit volte-face et s'élança vers moi. Elle posa ses deux pattes sur mon ventre et tendit l'encolure pour me bêler aux oreilles. Elle redescendit et sans cesser de bêler partit quelques foulées au galop avant de s'arrêter. Elle fit demi-tour et bêla avec insistance en me regardant.

 

À la surprise de la famille, je m'élançais en courant à la suite de Noiraude en lui disant :

 

« Allez ma grande, on y va ! ».

 

Noiraude cessa instantanément de bêler et partit à fond au galop vers la cabane... elle s'arrêta au seuil puis me posa ses deux pattes sur le ventre. Je m’immobilisais.

 

A deux pas de moi, dans la paille, un petit chevreau se tenait recroquevillé, les yeux clos.

 

Je félicitais Noiraude et m'approchais du petit pour l'examiner.

 

Silencieux, il ne dit rien quand je le pris dans les bras, quand je pris son pouls, son rythme respiratoire... Si faible qu'il n'ouvrait quasiment plus les yeux.

 

Je le reposai délicatement et rassurai Noiraude de quelques mots.

 

Celle-ci dû comprendre car déjà elle se couchait à côté du petit pour lui tenir chaud en attendant que je revienne.

 

Je revins quelques temps plus tard faire deux injections au petit chevreau.

 

J'ai remercié Noiraude avant de partir à la recherche de la mère du chevreau et de son jeune frère.

 

La mère et le deuxième chevreau broutaient à quelques mètres de là, paisibles.

 

J'attrapai le deuxième chevreau pour lui faire à son tour une injection. Celui-ci pleurait et hurlait au point d'en effrayer les visiteurs... un vrai bébé qui une fois relâché ne s'en souciait déjà plus.

 

Dans la cabane, un autre bébé se relevait sur ses pattes flageolantes aidé par une petite chèvre qui n'était pas sa mère.

 

Une fois le petit assez fort pour retourner voir sa vraie maman, je laissais ce petit monde. Mais je ne franchis pas la clôture sans un coup de corne amical de Noiraude en échange d'une friandise et d'un petit massage bien mérités.

 

A bientôt,

Anne

 

Chevreau dans la paille

Publié dans Anecdote

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