L’analyse de fourrage : la panacée ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha & Oméga

Ah, l’analyse de fourrage ! Voilà une donnée indiscutable ! Elle cloue le bec à tout le monde. Une analyse vous fait entrer dans le cercle fermé des propriétaires hyper consciencieux, des éleveurs un tantinet maniaques… et parfois, comme cela coûte cher et que de toutes façons l’herbe évolue en permanence, cela vous donne une sacré bonne raison de renoncer à tout calcul de votre ration dans l’ordre et la méthode.

Mais au niveau précision, que peut-on réellement en attendre ?

Classiquement lorsqu’on fait une analyse en laboratoire, on fait un double des mesures. Entre les deux, on tolère généralement 1 %. Entre deux laboratoires qui font la même analyse, on peut avoir des variations de l’ordre de 3-5 %.

Reconnaissons que cela est donc très précis. Oui, le labo vous dira très précisément la composition chimique de l’échantillon qu’il a reçu… de l’échantillon qu’il a reçu mais pas forcément de votre stock de foin…

Entre les deux, il y a la notion un peu abstraite d’échantillon représentatif. Cela veut dire que la composition chimique de votre échantillon doit être la moyenne de la composition de ce que va ingérer votre cheval.

Pour avoir un échantillon représentatif d’un stock de foin, il est donc recommandé classiquement :

1. De faire des prélèvements de plusieurs échantillons de taille comparable répartis régulièrement dans tout le volume stocké. Oui, cela veut dire qu’il faut en prélever aussi dans les balles qui sont stockées tout derrière, celles du haut comme celles du bas. Cela veut dire qu’il faut prélever non seulement sur le pourtour des balles mais aussi au milieu et au centre, les belles zones comme les moins belles. Une main innocente, les yeux bandés qui déambule dans le tas… je vous laisse imaginer la scène.

Si au lieu du foin, on a de l’enrubanné, cela veut dire qu’il faudrait ouvrir un bon nombre de balles, les désosser complètement pour récupérer une poignée… qui à ce moment-là ne correspondrait plus à un fourrage qui sera réellement consommé par votre cheval.

Et j’entends déjà les petits malins qui se disent qu’il n’y a qu’à le faire au moment de l’enrubannage… raté. La composition chimique du fourrage va beaucoup évoluer et votre résultat sera finalement assez éloigné de ce que vous distribuerez à vos chevaux.

Si on a de l’herbe, il faut prélever à une hauteur standard car la hauteur de coupe influe énormément sur le résultat. Logiquement cette hauteur standard correspond à la hauteur de pâturage. Mais pour l’avoir fait, je peux vous dire que c’est hautement approximatif. Attention aussi que si vous le faites après des pluies la contamination de l’échantillon en terre peut arriver à des 10 %.

NB : Si cela vous arrive, on peut quand même s’en sortir en calculant tous les résultats par rapport à la matière organique puis en les ramenant sur la matière sèche puis le produit frais en utilisant une teneur en cendres plus logique. Mais évidemment, c’est un biais non négligeable.

En général, on coupe avec un engin des bandes de 1 ou 2 mètres à différents endroits de la parcelle… On peut aussi essayer de prélever quelques poignées à la main ou avec une paire de ciseaux en se rappelant que le cheval pâture très ras.

2. Regrouper les échantillons et les mélanger bien pour faire un nouvel échantillon de 1 kg pour les fourrages… et quand on mélange, la question est de ne pas écarter les plantes indésirables.

3. Envoyer dans les meilleurs délais au laboratoire dans une boite en carton pour les produits secs ; dans un sac en plastique placé dans une boite en carton pour les produits humides avec glacière si le transport est de plus de 48 heures.

Votre résultat si vous faites tout cela sera représentatif du tas de foin ou de la parcelle.

Mais nous le savons, les chevaux trient plus ou moins mais ils trient tous et encore plus au pâturage. Donc si on veut que le résultat soit le reflet de ce que mangera votre cheval, il va vous falloir trier comme lui… je ne vous raconte pas la subjectivité de la manœuvre. Mais de toutes façons, on ne prendra pas le morceau de ronce, le rumex qui dépasse ou la partie de la balle qui reposait sur le sol… donc qu’on le veuille ou non, on influe sur le résultat.

Alors a-t-on intérêt à faire une analyse de son fourrage ?

Certains vous diront oui, sans hésiter.

J’aurais tendance à penser qu’elle est intéressante pour déterminer s’il y a une carence ou un excès récurrent, structurel, sur les parcelles, caractéristique que vous retrouverez à chaque cycle, sur l’herbe pâturée comme sur le foin ou l’enrubanné et dont il faudra tenir compte dans les rations.

Elle est aussi plus intéressante si vous avez une prairie semée, traitée, donc plus homogène qu’une prairie naturelle et pour laquelle vous aurez moins de biais en réalisant votre échantillon.

Mais le plus souvent, je pense que le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Mais comme c’est juste moi qui le dis, je vais laisser la parole à plus célèbre que moi :

Dans le cas des fourrages, la connaissance de leur nature (prairies permanentes ou temporaires), l’espèce pour la prairie temporaire (ray-grass, fétuque…), le numéro du cycle (ou le numéro de la coupe) ou la date de fauche etc. permettent d’avoir une idée satisfaisante de la composition chimique et de la valeur nutritive en utilisant les tables… Martin-Rosset, 2012.

Et oui, la précision c’est bien mais encore faut-il qu’elle ne soit pas illusoire.

Catherine Kaeffer

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Foin et paille stockés dans un hangar. Image soumise à droits d'auteur. Techniques d'élevage. Nantes 2014

Foin et paille stockés dans un hangar. Image soumise à droits d'auteur. Techniques d'élevage. Nantes 2014

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